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jeudi 17 mars 2016

MECANO - Autoportrait

1983 [Pays-Bas]
Divine - MAD 1004 [France]
New-wave, Avant-Garde
Prix moyen discogs : 22 €




Mecano ? Non ce n'est pas du groupe espagnol dont je souhaite vous parler, mais du groupe hollandais, mené par son leader charismatique Dick Polack. Mecano sans internet au milieu des années 80 est un groupe qui fascine, qui suscite la curiosité.

A l'époque la scène rock en dehors de la Grande-Bretagne est très passionnante, elle mélange souvent les arts, la peinture, la littérature, le cinéma d'auteurs. Le mouvement post-punk arty est donc important en France et chez nos voisins belges, hollandais ou allemands. Une époque durant laquelle de nombreux labels naissent à travers l'Europe, notamment Divine en France qui permettra de faire connaître Minimal Compact, Tuxedomoon, Fra Lippo Lippi, End of Data et Mecano bien sûr. Un label proche dans l'esprit de 4AD ou Factory.

Mecano s'est formé autour de Dick Polack, un intellectuel d'Amsterdam fasciné par les années vingt et trente. Il crée ce groupe punk qui est aussi un concept total basé sur la peinture, la littérature et le surréalisme. Un single sort sur un petit label underground en 1978.

En 1980, Polack a remanié son groupe qui se compose désormais des deux guitaristes Corrie Bolten et Pieter Kooyman, du bassiste Théo Bolten et du batteur Ton Lebbink. Parution sur le label Torso des deux mini-albums "Untitled" et "Subtitled" qui deviennent très vite des objets de collection - le début de la légende...

Polack, parolier et chanteur  possède un style d'écriture influencé par André Breton, Paul Eluard, Paul Celan et surtout Maïakovsky dont il reprend un texte célèbre dans le morceau "Untitled" : "I know the power of words" (Je connais le pouvoir des mots). Il crée des expressions ("romance sans sens" , "lack of joie de vivre") , invente des mots comme "Globeold" littéralement "vieux comme le monde" ... La musique, elle, a définitivement exorcisé le punk : thèmes originaux, forte pulsion rythmique, mélodies électriques, un son puissant qui génère une violence contenue. Corrie Bolten, devenu peu à peu poly-instrumentiste (guitare, synthétiseur, mixage) en est le chef d'orchestre.

Mecano, séparé puis reformé enregistre alors Autoportrait à Amsterdam en 1982. Corrie Bolten joue aussi du piano et du violon. Dick Polack écrit de manière plus introvertie encore. Sommet de cet album très "musique de chambre classique" dans l'esprit, Besprizorni (Безпризорныe) chanté en russe et en français par un Polack majestueux. Malheureusement le groupe éclate définitivement peu après.

Voilà ce que pense Dick Polack en 1981 de la scène rock européenne.

Comment décrirais-tu la scène rock néerlandaise?


Il n'y a pas de son hollandais comme il y a un son de Liverpool ou un son de Manchester. Le pays est tellement petit ! Mais il y a des choses qui se passent, des orchestres qui travaillent de façon intelligente et moderne, comme en Angleterre. La Hollande rock est tout de même plus qu'un satellite de l'Angleterre ! Oui, car les gens ici, surtout en ce moment, savent qu'ils ne dépendent pas de la musique anglaise, ils font leurs propres choses. L'influence de l'Angleterre, lorsqu'elle se fait sentir, vient tout simplement du fait que tout est arrivé là-bas, pendant les années soixante, soixante-dix, et encore aujourd'hui. Pourtant, en Europe continentale, les gens ont d'autres choses à dire, très différentes de ce qui se passe dans une île comme l'Angleterre...

Justement, quelles sont les différences?

Dans le " background " culturel, je crois. Quand j'entends John Lydon chanter sur le mur de Berlin et quand je vois un orchestre prendre le nom de Spandau Ballet, je me dis d'abord que se sont des signes de décadence, et ensuite que les Anglais ont des visions très spéciales de l'Allemagne et de la seconde guerre mondiale. II y a d'autres exemples, comme Cabaret Voltaire qui ont pris le nom du premier mouvement dadaïste de Zurich, ou Bauhaus, qui tirent le leur de l'école architecturale allemande. Je pense que les Anglais utilisent l'aspect superficiel des choses, mais pas leur signification profonde et réelle. Le rock'n'roll est anglais, mais je ne crois pas que les Glaxo Babies, le Pop Group et tous les autres aient grand-chose à voir avec le rock. On l'appelle rock, cette musique, juste pour pouvoir la classer et l'étiqueter dans les magasins. Mais c'est vrai, toute la musique moderne a commencé en Angleterre, à la différence des Etats-Unis où les groupes de rock servent à distraire. Moi, je n'ai aucun besoin d'être distrait... ! Quant à l'Europe continentale, c'est là qu'il se passe les choses les plus intéressantes. Les Names en Belgique, Sort Sol au Danemark. Mick Ness, Minny Pops et bien sûr Mecano en Hollande, d'autres encore.

Le groupe Complot Bronswick  a repris le morceau "I know the power of words" en 1984, sur leur album Maïakowski sorti chez Divine aussi.

Ré-édition française (1983) de l'original édition Torso (1982)

A1 Profile
A2 The Suggestive Sleep
A3 Entr'acte
B1 Безпризорныe
B2 Autumnmatic Play
B3 The Mutant Jasz
B4 To Life's Re-Union

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