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dimanche 5 juin 2016

TOUCH - Touch [DERAM 1969]

Deram ‎– SML 1033 SAHS 1519
France 1969


Si l'on cite genéralement le Sgt Peppers' des Beatles ou encore les premiers opus de Procol Harum et Moody Blues comme des albums majeurs de la genèse du rock progressif, il faut rendre justice aux défricheurs que furent les américains de Touch.
L'histoire démarre en réalité lorsque Jon Gallucci, claviériste et principal compositeur de Touch, connait une gloire précoce à l'âge de 15 ans au sein des Kingsmen, avec une fameuse cover de «Louie, Louie». Mais, dans l'incapacité de partir en tournée, il retourne à l'école. En 1966, il crée Don and The Goodtimes, incluant déjà le chanteur Jeff Hawks et le guitariste Joey Newman. Ils déménagent à Los Angeles et ne tardent pas à trouver le succès et à atteindre le Top20.
Se sentant étriqué dans cette pop old-style, Gallucci décide d'écrire une sorte d'épique théâtral, Seventy Five. Touch est né !

Gallucci, Newman et Hawks sont alors rejoints par la section rythmique, John Bordonaro et Bruce Hauser. Vers la fin 1967, le groupe vit sa métamorphose artistique, développant de nouvelles idées musicales, vivant des expériences hallucinogènes, avec un intérêt pour la métaphysique.
Aidé de leur manager, Touch convie plusieurs maisons de disques à venir les écouter au Moorish Castle à Hollywood Hills où ils répètent. C'est Coliseum/London records qui sort gagnant de cette compétition, offrant 25,000$ d'avance au groupe.
Sous la houlette du producteur Gene Shively, Touch fut enregistré durant l'été et la deuxième partie de 1968 au Sunset Studios à Hollywood, en Californie.
Ce disque a été conçu comme une sorte de quête spirituelle, son but était de permettre à l’auditeur de modifier son état de conscience en passant non par la méditation ou la drogue, mais par la musique. (Jon Gallucci)
L’ambition du projet ne passe pas inaperçue lors de son enregistrement et de nombreux curieux se pressent alors aux studios Sunset Sound, dont certains très prestigieux comme Grace Slick (du Jefferson Airplane) ou même Jimi Hendrix et Mick Jagger. A sa sortie début 1969, l’album de Touch reçoit un très bon accueil critique, des deux côtés de l’Atlantique, et tout particulièrement dans le cercle des musiciens rock. Kerry Livgren, futur membre de Kansas, et des groupes anglais comme Yes ou Uriah Heep le citeront plus tard comme l’une des influences majeures de leurs débuts.

Cet album bouillonne d'idées qui mèlent le beat, le psyché, le jazz, le folk, la musique classique, une vraie pépite proto-prog qui ne met pas de côté ses influences purement américaines. C'est le plus souvent inventif et audacieux, avec des compositions qui alternent le délicat et la frénésie. We Feel Fine ou encore Miss Teach marient la magie et l'excitation des sixties à la voix dramatique de Jeff Hawks. Frienly Birds et Alesha And Others nous permet d'apprécier les qualités pianistiques de Don Gallucci, qui combine la musique Classique et le jazz.  Les titres The Spiritual Death Of Howard Greer, Seventy Five ou encore Down At Circes Place, placent Touch au rang des groupes qui cherchaient à l'époque à dépasser les codes musicaux, empreint d'un esprit libre qui lui apporta de la fraîcheur et de l'inventivité.

Don Gallucci ayant refusé de faire tourner son groupe après la parution de l’album (sous le prétexte que la complexité de sa musique était impossible à recréer sur scène), celui-ci sera vite lâché par les maisons de disques, ce qui précipitera immédiatement sa fin (Gallucci deviendra producteur, notamment du « Funhouse » des Stooges).

La présente édition originale française n'est pas présentée telle que l'originale US, avec sa pochette qui s'ouvre au centre. Par contre, elle contient bien un poster.
US Originals came with a poster, and an orange strip wrapped around the cover that stated : "THIS IS TOUCH PLURAL BECAUSE ALTHOUGH EACH MEMBER IS UNIQUELY INDIVIDUAL THEY ARE BOUND TOGETHER BY A SINGLE CONCEPT"

  • En Compact Disc, pour ceux qui ne souffrent pas de C.D.ite aiguëe et chronique ! ;)
Les rééditions des labels Esoteric Recordings et de The Wild Places sont pertinentes : Ajoutées à l’œuvre originelle, on trouve trois démos de 1968 et un titre resté inédit, Blue feeling, dont les presque 12 minutes de pop cosmique n’auraient pas dépareillées sur l’album. Le dernier inédit proposé, The second coming of Suzanne, initialement destiné à un film surréaliste, est postérieur au groupe puisqu’il date de 1973 : on y retrouve Gallucci et Joey Newman entourés de trois nouveaux musiciens pour un instrumental qui a cette fois bel et bien les deux pieds dans le prog-rock, tout particulièrement dans une deuxième moitié assez sombre et torturée évoquant les noirs labyrinthes de King Crimson voire de Van der Graaf Generator.

Vous avez aussi le choix d'opter pour une réédition récente en vinyle comme celle ci-dessous. A noter qu'à l'écoute, il semble que le label Eclectic Discs ait utilisé les masters CD pour ce repressage en vinyle (un certain écrêtage...). On peut toutefois noter l'effort du label de reproduire la pochette à l'identique de l'originale US, incluant le poster présent à l'époque. Le pressage français manque sans doute de dynamisme, mais il est reste agréable à écouter dans l'ensemble.

Eclectic Discs ‎– ECLLP 1005

Voix – Jeff Hawks
Basse, Voix – Bruce Hauser
Guitare, Voix – Joey Newman
Claviers, Voix – Don Gallucci
Percussions, Voix – John Bordonaro

A1   We Feel Fine
A2   Friendly Birds
A3   Miss Teach
A4   The Spiritual Death Of Howard Greer
B1   Down At Circes Place
B2   Alesha And Ohers
B3   Seventy-Five

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