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mercredi 30 mars 2016

ARCADIUM - Breathe Awhile

1969 (UK)
Akarma - AK 239 (2003)
réédition en 180 gr
Psychedelic, Progressive
prix moyen 19
version originale Middle Earth Records MDLS 302 / prix moyen : 300 à 500 €

Nous sommes en 1969 en plein Londres hippie, au Middle Earth Club dans le quartier de Covent Garden où Arcadium a pour habitude de faire résonner ses guitares fuzz et son orgue Hammond, au même titre que Pink Floyd et The Who qui se produisent dans les mêmes clubs enfumés. 
Ils sont un grand nombre de groupes à l'époque à surfer sur la vague psychédélique et celle du progressive rock qui lentement prend le pas, mais il y aura finalement peu d'élus à la postérité, et Arcadium n'échappera pas à la règle...

Les musiciens anglais vont enregistrer leur unique LP sur un obscur label, distribué par PYE: Middle Earth Records. Ce petit label n'ayant produit que 5 singles et 3 LPs, les vinyles sont rares et recherchés. Difficile donc de s'offrir un original anglais d'Arcadium pour un prix raisonnable.
D'où l'intérêt de cette réédition italienne du désormais célèbre label Akarma qui permet à tous de profiter de ce Breathe Awhile qui nous offre des compositions parfaitement dans l'esprit de son temps, à la croisée des chemins de la fin des sixties et d'une nouvelle décennie pleine de promesses musicales. Cette édition regroupe l'album et les deux titres du single 7", Sing My Song.

I'm On My Way est une longue plage qui démarre comme une jam psychédélique, voluptueusement lancinante, pour gagner en intensité à 9" environ ... Poor Lady est un titre plus classique de psyché pop où l'orgue et la guitare s'amusent à s'enchevêtrer. Walk On The Bad Side est plus sombre, l'orgue y tient une part importante. L'ambiance s'obscurcit encore davantage sur la face B avec Woman Of A Thousand Years. Cette fois-ci psychédélisme et progressif se marient pour un titre plus tonique et étrangement dissonant. Avec Change Me et It Takes A Woman, on revient à du rhythm'n'blues porté par un certain mélancolisme. L'épique Birth, Life And Death est sans doute le titre le plus réussi de cet album, qui pourrait faire penser aux Moody Blues. Soutenu par un orgue et des guitares entêtantes, le chant transpire une profonde tristesse, les paroles Goodbye my world se répétant comme un dernier appel avant la fin.

Deux titres supplémentaires figurent sur cette réédition. Moins aboutis, ils gachent un peu le plaisir de terminer cet album sur le très poignant Birth, Life And Death.
Akarma a toutefois eu l'intelligence de regrouper la discographie courte mais complète sur un seul LP.

Breathe Awhile n'est pas un album parfaitement abouti. On y croise des influences variées, peut-être pas encore complètement assimilées. Comme un titre prémonitoire, Birth, Life And Death qui cloture la face B (sur l'original) signait donc le testament d'un groupe à qui on aurait souhaité une plus longue carrière qui semblait prometteuse.

  • Graham Best - Basse, Voix
  • Allan Ellwood - Orgue, Voix
  • John Albert Parker -Batterie
  • Robert Ellwood - Guitare Lead, Voix
  • Miguel Sergides - Guitare 12 cordes, Voix

A1 I'm On My Way - 11:51
A2 Poor Lady - 3:59
A3 Walk On The Bad Side - 7:35
B1 Woman Of A Thousand Years - 3:39
B2 Change Me - 4:47
B3 It Takes A Woman - 3:53
B4 Birth, Life And Death - 10:19

Titres bonus :
B5 Sing My Song - 4:18 (face A du 45 tours)
B6 Riding Alone - 2:48 (face B du 45 tours)

mardi 29 mars 2016

Les 5 GENTLEMEN - quatrième EP - Oum Tse Oum Papa

1967
Riviera – 231265 
Psychédélique Rock , Garage Rock , Mod
Prix moyen: vendu entre 30 et 40€ sur eBay en 2014 et 2015 (source Popsike ) 

Après la sortie de L.S.D 25, Riviera commercialise le quatrième disque des 5 Gentlemen. C'est le premier de leur EP à voir le jour en 1967. Malheureusement le succès ne sera pratiquement pas au rendez-vous.
Et ce n'est sûrement pas par hazard si la reconnaissance a échappé à la bande, car comme vous l'avez peut être déjà constaté, ce qui marchait le plus en France dans les années 60, se sont les chanteurs / chanteuses et non les groupes. Bon nombre de chanteurs(ses) n'ont connus la notoriété qu'après avoir quitté leurs groupes, comme Alain Chamfort (alias Alain Legovic à la fin des sixties), qui s'est révélé au grand public une fois que son groupe, Les Mods, se soit séparé. Ou encore Jacques Dutronc, qui a explosé après la fin de El Toro Et Les Cyclones.

Pourtant tout était réuni dans ce quatrième 45 tours. Le psychédélisme des compositions était d'une exceptionnelle grandeur. Chacun des instruments y est joué comme ci ce n'était que lui que l'on devait entendre. Le rythme saccadé de la chanson d'ouverture, Oum Tsé Oum Papa, est un réel délice. Ce titre est à poser sur un piédestal dans le registre du garage psyché.
Anna est encore une fois une chanson que dédie un amoureux à sa muse. Du garage mod resté inégalé à mes oreilles. Fredenucci, nous y offre une voix encore plus aiguëe qu'à son habitude, emplie d'éloquence et de douleur.
La face B n'est pas en reste, Longue Longue Nuit D'amour et Cent Millions D'Années Avant Jésus-Christ, sont des messages psychédéliques totalement extravagants.

Cet EP est, à mes yeux, le summum de ce qui a pu se faire en France dans le domaine du rock garage psychédélique. Le bloc sonore que forme ce quatre titres est un acabit d'exception. Malheureusement, suite à l’échec commercial qu'a connu ce disque, les 5 Gentlemen n'en ont sorti qu'un dernier peu de temps après, le EP Met Du Sucre Dans Ton Café.
La chronique de cet ultime disque viendra... Quand j'aurai enfin mis la main dessus!





Cet EP est bien moins commun que les deux précédents et sort assez rarement sur le net. Comptez plus ou moins 30 ou 35€ pour un exemplaire en bel état. 









Chant / basse: Jean Fredenucci
Clavier: Guy Matteoni
Guitare solo: Claude Olmos
Guitare rythmique:  François Paoli 
Batterie: Michel Donat  


  • A1 - Oum Tse Oum Papa
  • A2 - Anna
  • B1 - Longue Longue Nuit D'Amour
  • B2 - Cent Millions D'Années Avant Jésus-Christ

Les 5 GENTLEMEN - troisième EP - L.S.D 25 Ou Les Métamorphoses De Margaret Steinway

1966
Riviera - 231 212 
Psychédélique Rock , Mod
Prix moyen Discogs: 38€
  
Poursuivons le chemin des 5 Gentlemen. Juste après Dis Nous Dylan, voici que le troisième EP fait son apparition, datant de fin 1966. Comme tous les autres, il a été édité par le label Riviera.

La musique rock connait une sacrée avancée avec ce quatre titres. Car en effet, avec cet EP nous sommes en face d'une des toutes premières chansons entièrement psychédéliques de l'histoire avec L.S.D 25! Nous ne sommes même pas encore en 1967 et les grands initiateurs du rock psyché, tel que les 13th Floor Elevators ou The Deep, font tout juste leur apparition aux USA.

L.S.D 25 Ou Les Métamorphoses De Margaret Steinway, chanson qui ouvre la face B, est belle et bien une petite révolution, même si personne ne s'en doute encore à l'époque. Les guitares fuzz et le texte qui nous décrit l'expérience de Margaret et de son petit buvard ne cache en rien les hallucinations auditives que veut nous apporter ce morceau.
Même si cette chanson porte presque à elle seule tout l'EP, je dois admettre que les trois autres titres sont eux aussi excellents, renouant presque avec l'esprit mod dans un contexte plus garage, surtout en ce qui concerne la face A.  
Qu'As-Tu Katioucha ? et Je Te Veux, les deux premiers morceaux, vous narrerons les aventures d'amants et leurs compagnes, très certainement illégitimes, le tout guidé par un orgue diabolique. Tandis que la chanson Olivier vous exposera la douleur de jeunes gens ayant perdu un ami, ceci dans une atmosphère bien plus intimiste. 

Malgré de magnifiques compositions, cet EP n'a connu qu'un succès restreint. Nous verrons avec le 45 tours suivant que les 5 Gentlemen poursuivront la musique sur le chemin du psychédélisme.  





Ce troisième EP reste le plus commun avec le précédent, Dis Nous Dylan, il est néanmoins très recherché car extrêmement culte. Il faut compter entre 25 et plus ou moins 35€ pour un exemplaire en très bel état.  










Chant / basse: Jean Fredenucci
Clavier: Guy Matteoni
Guitare solo: Claude Olmos
Guitare rythmique:  François Paoli
Batterie: Michel Donat  


  • A1 - Qu'As-Tu Katioucha
  • A2 - Je Te Veux
  • B1 - L. S D. 25 Ou Les Métamorphoses De Margaret Steinway
  • B2 - Olivier

Les 5 GENTLEMEN - deuxième EP - Dis Nous Dylan

1966
Riviera - 231181 
Freakbeat , Pop , Mod
Prix moyen Discogs: 20€

Quelques mois après la sortie de leur premier EP, Cara Lin, les 5 Gentlemen remettent ça, encore sur le label Riviera. Voici donc que sort le second disque, Dis Nous Dylan. Toujours sous format 45 tours et porteur lui aussi de quatre chansons, comme le précédent.

Dis Nous Dylan est une complainte envoyée aux deux chanteurs folk engagés Bob Dylan et Donovan, où les cinq garçons leur demandent s'ils pensent réellement changer le monde avec leurs chansons. Ce titre connait un très bon succès à la radio et le disque se vend relativement bien dans le commerce.
Pourtant cette chanson, bien qu'agréable, est moins atypique que ce qu'on pouvait entendre sur le premier disque. Ce titre est une balade pop assez banale, se rapprochant de ce qu'on pouvait trouver chez nous à l'époque. C'est d'ailleurs certainement ça qui a contribué à sa réussite.
Hosanna, second titre de la face A a été décalqué sur le titre Gloria, que l'on doit à Van Morisson et ses Them.
Il faudra attendre la face B pour avoir une réelle qualité. Les chansons Si Tu Reviens Chez Moi et Prie!, sont très bien rythmée pour l'une et finement engagée pour l'autre. La basse profonde et l'orgue saccadé de Si Tu Reviens Chez Moi en font un titre accrocheur qui reste en tête!

Bien que toujours considéré comme Mod, je trouve que ce 45 tours s'éloigne du style et du groove Soul R'n'B qu'est le son Mod. Cependant ce disque est loin d'être inintéressant, ne serait-ce que pour les deux très bons morceaux qui forment sa face B.

Nous verrons avec le troisième EP, que les 5 Gentlemen vont encore une fois changer de bord. Car oui, ils vont s'attaquer au psychédélisme!




Ce disque reste la plus grosse vente du groupe. De ce fait il en sort régulièrement sur le net. Un prix correct pour un exemplaire en excellent état est de plus ou moins 20€.









Chant / basse: Jean Fredenucci
Clavier: Guy Matteoni
Guitare solo: Claude Olmos
Guitare rythmique:  François Paoli
Batterie: Michel Donat  


  • A1 - Dis-Nous Dylan
  • A2 - Hosanna
  • B1 - Si Tu Reviens Chez Moi
  • B2 - Prie!


Voici un exemple d'une petite différence de pressage entre deux exemplaires: ici les mentions d'imprimerie sont inversées

( voir les rabats )

LES 5 GENTLEMEN - premier EP - Cara Lin

1966
Riviera – 231142 
Freakbeat , Mod
Prix moyen Discogs: 40€

Voilà une perle française. Il n'y a pas que les anglais qui ont des légendes en matière de rock mod. Notre beau pays a aussi été secoué par la résonance de certains de nos musiciens aux costumes étriqués.

Originaires de Corse, le quintet s'exilera à Marseille, où il y établira son chef-lieu, jouant au club l'Arsenal De Galères, salle qui ne désemplie jamais quand ils sont à l'affiche.

Après avoir sorti un premier EP sous le nom des Ambitieux en 1965, les 5 Gentemen signent leur premier quatre titres chez le label Riviera en 1966. Leur discographie ne comptera que cinq EP en tout, tous parus entre 1966 et 1967.
Ce premier disque est un must en la matière. Le groupe nous offre une prestation rythmique à couper le souffle, tout y est remarquablement exquis. Le son des guitares est tranchant, pareil à leurs grands frères d'outre Manche, le guitariste Claude Olmos (futur Magma et Alan Jack Civilization), nous délivre un toucher parfait. L'orgue y est criard ce qui n'est pas sans nous rappeler, entre autre, le son si poignant des Zombies. Jean Fredenucci, quant à lui, a la chance d'avoir une voix très aiguëe, chose qui n'est pas si courant chez les chanteurs français, ce qui renforce encore d'avantage l'identité du groupe.
Même si les sujets abordés ne différent pas, les quatre chansons parlent de femmes et / ou d'histoires d'amours difficiles, les textes, quant à eux, sont finement écrits et complets. Ils ont d'autant plus de mérite, car ils créent en majorité leur propres textes, ne se limitant pas à une simple réinterprétation de succès anglo-saxons, à part avec le premier titre Cara-Lin, qui est une reprise du groupe New Yorkais les Strangeloves.

Tout est regroupé ici pour que cet EP reste intemporel. Encore aujourd'hui le son des 5 Gentlemen reste une joie à écouter. Pour les puristes, ce groupe est un des plus magistral que notre territoire ait connu à l'époque.  

Nous verrons que pour leur deuxième EP les 5 Gentlemen quitteront le mod pur et dur pour un second 4 titres plus pop.




Premier EP assez peu commun. Depuis les 3 ans où j'ai commencé à rechercher tous les quatre titres du groupe, je n'ai vu passé celui-ci que trois ou quatre fois sur eBay.
Disque restant tout de même assez abordable vu la relative rareté de l'objet, la qualité et la renommée du groupe. Comptez entre 30 et 45€, grand maximum, pour un exemplaire avec le disque en excellent état. Mais attention aux surcôtes du net, un fléau pour ce genre de groupe.





Chant / basse: Jean Fredenucci
Clavier: Guy Matteoni
Guitare solo: Claude Olmos
Guitare rythmique:  François Paoli
Batterie: Michel Donat  

  • A1 - Cara-Lin
  • A2 - Trop tard
  • B1 - Oublie-moi 
  • B2 - Cette fille-là

lundi 28 mars 2016

L'OBJET - Plank + Toucan [Lille]

PLANK
2011
Structure Records - STR05/PIL09

TOUCAN
2015
Structure Records - STR08

Prix 13 € chez un disquaire de Lille

L'objet aurait pu demeurer pour moi un o.v.n.i. sans le concours d'un disquaire indépendant de Lille qui jugea judicieux de me faire la promo de ce groupe, me le présenta comme un mélange de krautrock et de musique électro. Après une écoute rapide sur place, j'adoptais donc ce Toucan, drôle d'oiseau inconnu à mes oreilles.


A l'écoute de Plank et de Toucan, force est de constater qu'on ne peut évidemment s'empêcher la comparaison avec une certaine musique allemande des seventies, communément appelée krautrock. Au délà des références musicales, avec un peu de perspicacité, on peut même se demander si le nom Plank n'a pas été choisi en hommage à Conny Plank qui fut le producteur de Kraftwerk, celui qui les aida à configurer leur son. Quant à la pochette de l'album Toucan, elle est une image extraite du film de S.F. Phase IV réalisé par Saul Bass en 1974.

Plank et Toucan, bandes son de films vintages, sont des invitations à la transe, au voyage extra-corporel, ils libèrent l'esprit et le corps. Dynamisme et précision de jeux sont des leitmotivs pour le duo lillois qui, tel Neu! propose une musique métronomique, shamanique, où la batterie (+ boites à rythmes) et les synthés prédominent. Une musique répétitive, oui, mais loin d'être ennuyeuse.. Une figure de style peu répandue dans l'hexagone donc, et qu'il faut soutenir.


  • Arnaud Boulogne - guitare, synthétiseur
  • Julien Harpagès - batterie
  • Olivier Desmulliez (live) - guitare, basse, claviers



















http://lobjet.bandcamp.com/



























dimanche 27 mars 2016

OPPOSITION - Breaking The Silence

1981
Disc'Az ‎– AZ/2 383
New Wave, Post Punk
Prix moyen Discogs: 20€

Voici le tout premier album des Opposition, sorti sur notre territoire, sur le label Disc'Az, auquel les londoniens donnent jour en 1981.

La New Wave a toujours su nous donner une myriade de chefs d’œuvre sombres et ce disque n'est pas loin du sommet. Marc Long porte sur ses épaules le trio avec sa voix douce et forte en émotion, pareil à beaucoup de chanteurs Post Punk de la même époque qui n'avaient plus que le chant comme seul remède pour apaiser leur mal. Mais il y a encore quelque chose de plus qui se cache derrière la voix de Long, peut être une certaine sensibilité fragile. La force de la batterie bourrée d'écho et le son projeté en avant de la basse, tantôt jouée aux doigts, tantôt slapée, donnent la ligne conductrice à laquelle le son de la génération 80 aimait se tenir.

L'univers noir de cet album en fait une ode intemporelle. Mais l'ambiance est loin d'y être totalement froide. Des riffs puissants se dégagent un rythme chaud, notamment dans War Games. La basse slapée à l'ouverture de la face B risquera même de vous faire chavirer car le son en est magistral, surtout mélangé à l'atmosphère des deux autres garçons. Et cette même basse arrivera à vous faire penser à du Police sur la chanson In My Eyes.

Qu'il en soit tenu pour dit, ce disque est un morceau entier des années 80 à lui seul. Tout dans ses sillons respire la peur et la révolte. On ne saurait disparaitre sans l'écouter.






Voici la toute première édition de 1981, avec une pochette entièrement noire et blanche.


























Suite à la première édition visible juste au dessus, s'ensuit une réédition parue la même année. Bien différente du pressage précédent.




















Voix / Guitare : Marc Long
Basse / Clavier : Marcus Bell
Batterie : Ralph Hall

  • A1 - Paddy Fields
  • A2 - War Games
  • A3 - Moving Targets
  • A4 - A Thirst
  • A5 - Breaking The Silence
  • B1 - Black And White
  • B2 - Waiting
  • B3 - In My Eyes
  • B5 - Very Little Glory

jeudi 24 mars 2016

Roger Dean - Créateur d'espaces

Le monde selon Roger Dean

La première fois que j'ai vu les oeuvres de Roger Dean, c'était en 1971 quand Steve Howe nous présenta à cet incroyable artiste qu'il venait de découvrir. Je me souviens avoir été complètement bouleversé, comme nous l'étions tous, et en quelques semaines Roger était devenu le sixième membre de Yes. Son style unique, sa compétence inégalée, son imagination étourdissante, combinés avec un talent inné, ont fait de lui une icône de l'art des XXème et XXIème siècles. Vous pouvez ajouter à cela, son succès phénoménal dans le monde de l'architecture et du design. Très peu d'artistes ces 40 dernières années ont eu un tel impact comme Roger Dean, et il a déjà laissé un héritage pour lui-même et l'Art en général.
Selon moi, l'art de Roger a le pouvoir de me diriger doucement vers la toile et de m'embarquer pour un voyage de découvertes sans fin. Il semble y avoir toujours quelque chose de nouveau à découvrir, et c'est là où l'association avec la musique se démarque réellement. La musique a aussi besoin d'offrir quelque chose de neuf à chaque visite. Associez les deux arts, et vous obtenez un résultat vraiment spécial. Et c'est le terme qui correspond à Roger Dean et son oeuvre : spécial. En réalité, j'aurais du dire "très" avant spécial !
Rick Wakeman, Londres, Mai 2008


Roger Dean est un artiste britannique né le 31 août 1944, qui étudia l'art au Canterbury College of Art, puis en 1968 il obtint son diplôme au Royal College of Art à Londres. Principalement connu pour ses pochettes d'album de groupes de rock progressif, notamment Yes, il n'en reste pas moins à la base un designer spécialisé en Architecture.


La première pochette de disque qu'il réalisa en 1968 est celle du groupe de hard-rock The Gun (ci-dessus), peut-être inspirée de certaines toiles du peintre Jerome Bosch, et loin de ressembler à ces paysages fantastiques pour lesquels il sera plus tard si célèbre. Sur les pochettes suivantes, on reconnaît parfois difficilement son style futur, assez souvent psychédélique, dans l'esprit de cette fin des années 60. C'est en 71, pour la pochette du groupe Osibisa que l'art de Roger Dean se révèle enfin avec ces éléphants volants dans un décor africain. Mais la suivante, celle de Keith Tippett Group (Dedicated to You but You Weren't Listening) est complètement différente, toutefois très réussie. Et les suivantes seront tout aussi différentes les unes que les autres.



En fait, ce n'est qu'à partir de 1972 qu'il va trouver sa voie, peut-être au moment où il commence à travailler avec Yes, pour qui il réalisera également son logo le plus célèbre. Il faut rappeler que Roger Dean n'a pas toujours réalisé les pochettes de Yes. Dans les années 80, le groupe a préféré ne plus collaborer avec Dean, car leur association était alors synonyme d'une époque révolue, celle des seventies et du rock progressif. Mais il reste profondément lié à l'histoire de Yes, notamment grâce à cette pochette quasiment monochrome de l'album Close To The Edge. Elle est, au même titre que le white album des Beatles, d'une force et d'un impact incroyables.

Roger Dean a également réalisé les décors de concert de Yes, notamment celui du 35th Anniversary Tour en 2003-2004. A l'époque le groupe souhaitait quelque chose de dramatique, facile à transporter et ne coûtant pas une fortune. La manière de réaliser ce challenge fût de construire des formes gonflables, dont certaines étaient rigides, et d'autres modulables. L'inspiration du design général était les créatures marines, le corail et les cactées.


Dean dit qu'il ne se considère pas comme un artiste de Fantasy, mais comme un peintre de paysages. Il est vrai qu'on retrouve dans ces toiles aussi bien des arches de pierres (Yes - Relayer), des îles flottantes et des habitats organiques (ABWH).


Ses techniques :
Aquarelle, gouache, encre, émail, crayon, collages.

Les premières pochettes réalisées par Roger Dean :
1968    The Gun    Gun
1969    Earth and Fire    Earth and Fire (nl)
1970    Nucleus    Elastic Rock
1970    Lighthouse    One Fine Morning
1970    Dr. Strangely Strange    Heavy Petting
1970    Clear Blue Sky    Clear Blue Sky
1971    Midnight Sun    Midnight Sun
1971    Osibisa    Osibisa
1971    Keith Tippett Group    Dedicated to You but You Weren't Listening
1971    Ramases    Space Hymns
1971    Mike Absalom    Mike Absalom[6]
1971    Billy Cox    Nitro Function
1971    Osibisa    Woyaya
1971    Pete Dello and Friends    Into Your Ears
1971    Rare Earth    One World (inner spread only)
1971    Atomic Rooster    In Hearing of Atomic Rooster
1971    Yes    Fragile

Liste complète disponible sur le site wikipedia :
https://en.wikipedia.org/wiki/Roger_Dean_(artist)

mercredi 23 mars 2016

LE 45 TOURS INTRIGANT #4 - Chris Gallbert

Paillasse / Sing Sing 

Octobre 1970
Decca ‎– 79.573
Psychedelic rock
Prix moyen Discogs: 35€ 

Parlons aujourd'hui de Chris Gallbert, de son vrai nom, Christian Delagrange. Il a sorti trois 45 tours sous le pseudo de Gallbert entre 1970 et 1971.

Sur son premier et deuxième 2 titres (celui dont je vais vous parler aujourd'hui), Chris est accompagné de Jean Pierre Massiera, producteur et parolier mythique français qui a participé à des centaines d'albums et 45 tours tous légendaires. Il a par exemple contribué aux deux EP de Jocy (ou Josie sur son premier quatre titres). Jocy a aussi sorti l'album Love Me sous le nom de Jessy Joyce où Massiera était encore de la partie. Il s'agit d'un album de rock prog psychédélique sorti en 1976 et jamais réédité depuis. Un Graal extrêmement rare. Il a, entre autre, également participé à l'unique album des Maledicus Sound, ainsi qu'à leur 45 tours Wedding Party / Cambronne datant de 1968. Wedding Party est un bijou de psychédélisme expérimental. 
Il est impossible de mentionner toutes les participations de Jean Pierre Massiera, mais depuis les années 60 nous lui devons une multitude de contributions grandioses. Tout ce qui est estampillé en son nom est aussi recherché que le trésor des Templiers. 





Ici à gauche:

Christian Delagrange alias Chris Gallbert






                                         Ici à droite:

                                        Jean-Pierre Massiera








J'en viens enfin au deuxième SP de Chris Gallbert. La première chanson Paillasse, tirée de l'opéra de Leoncavallo, est écrite par Massiera. Cette première chanson n'est pas particulièrement géniale en mon sens, mais elle a le mérite d'être bien orchestrée.
Le deuxième chanson, Sing Sing, toujours de Massiera est, quant à elle, magistrale ! Cet hymne narre la fin de vie d'un prisonnier qui se dirige vers la chaise électrique et qui laisse voyager son esprit vers la liberté avant de se faire exécuter. Le mélange des cordes, des choeurs et de la batterie n'est pas sans rappeler certaines rythmiques Gainsbourienne. La voix de Gallbert nous y touche en plein cœur, comme si c'était lui même qui allait finir sur cette chaise. 

Après un troisième SP sorti en 1971, Chris Gallbert utilisera son vrai nom, Christian Delagrange, pour continuer la musique à partir de 1973. Il sortira 3 albums beaucoup plus variété. Le fait que Massiera ait laissé place, entre autre, à Julien Lepers en tant que parolier ne doit pas être étranger à cette chute de qualité musicale.


Il y a quelques années, ce disque a été jusqu'à se négocier dans les 100€, mais par chance, sa côte a considérablement diminué. Il faut compter dans les 15 ou 20€ sur eBay pour un exemplaire en excellent état, prix auquel j'ai trouvé le mien il y a quelques mois.

SIMPLE MINDS - Real To Real Cacophony

1979 [UK]
Arista ‎– 201 150 [Europe]
Zoom Arista SPART 1109
Synth-pop, new wave, electronic
prix moyen discogs 10 €

Quelques mois seulement après la parution de leur premier album, Life in a Day, les écossais de Simple Minds retournent en studio au Pays de Galles avec le même ingénieur du son, John Leckie, pour enregistrer de nouvelles compositions. Elles préfigurent ce que seront les albums suivants, tout en étant assez éloignées en réalité de ce que sera Simple Minds à partir du milieu des années 80.

La pochette originale thermographique, fabriquée en Grande-Bretagne, est mate et texturée avec des séries de petites barres horizontales, et se révèle assez fragile. Pour réduire les coûts, Arista avait opté rapidement pour une pochette lisse et brillante.

Dès l'ouverture du titre Real To Real, ou à l'opposé Veldt qui cloture la face A, cet album semble sous l'influence du groupe allemand Kraftwerk. Il conserve toutefois un côté rock (glam) tout en s'aventurant un peu plus sur les terres du post-punk. Loin d'égaler des albums majeurs sortis à la même période par Wire (154), Gang Of Four (Entertainment) ou Joy Division (Unknown Pleasures), il n'en reste pas moins un album réellement réussi. Empreint d'une certaine froideur, à la recherche de l'expérimentation, Real To Real Cacophony représente ce mélange de rock seventies et de la new wave naissante.

  • Jim Kerr - voix
  • Charlie Burchill - guitares, saxophone, violon
  • Michael MacNeil - claviers
  • Derek Forbes - basse
  • Brian McGee - batterie

A1    Real To Real    2:47
A2    Naked Eye    2:21
A3    Citizen (Dance Of Youth)    2:53
A4    Carnival (Shelter In A Suitcase)    2:49
A5    Factory    4:13
A6    Cacophony    1:40
A7    Veldt    3:20
B1    Premonition    5:29
B2    Changeling    4:11
B3    Film Theme    2:27
B4    Calling Your Name    5:05
B5    Scar    3:31









7"      Changeling    Zoom Arista ARIST 325
A1.     Changeling    [Edit]    (3:26)
B1.     Premonition    [Live]    (5:45)

dimanche 20 mars 2016

SIMPLE MINDS - Life In A Day

1979 [UK]
PVC Records ‎– PVC 7910 [USA]
Alternative rock, New wave
prix médian discogs : 4,50 €

Le 1er avril 1979 parait Life In A Day, le premier album d'un jeune groupe écossais de Glasgow influencé par le punk naissant (Magazine, The Stranglers), le glam rock de Roxy Music et David Bowie qui à l'époque était en pleine période dite berlinoise. D'ailleurs, le nom Simple Minds fut emprunté à des paroles de Jean Genie (He's so simple minded he can't drive his module).

Cet album atteint alors la 30e place dans les charts anglais. Mais le single Chelsea Girl (voir ci-dessous), un hommage à la chanteuse Nico et à Andy Warhol, n'eut aucun succès particulier.

Malgré des arrangements travaillés et une maturité naissante, Life In A Day apparait comme le moins abouti des cinq premiers opus du groupe. Sept mois plus tard, leur second album Real To Real Cacophony fera exploser en éclat ce premier album.


Charles Burchill - guitares, violon, voix
Deret Forbes - basse, voix
Brian Mc Gee - batterie, percussions, voix
Michael Mc Neil - claviers, voix
Jim Kerr - chant

A1 Someone
A2 Life In A Day
A3 Sad Affair
A4 All For You
A5 Pleasantly Disturbed
B1 No Cure
B2 Chelsea Girl
B3 Wasteland
B4 Destiny
B5 Murder Story

    Singles :
    7"    Chelsea Girl    Zoom ZUM 11
    A1. Chelsea Girl    (4:33)
    B1. Garden Of Hate    (4:27)

    jeudi 17 mars 2016

    DARK ‎– Round The Edges

    1972 [Angleterre]
    Réédition / Akarma - AK007 (1999)
    Heavy Prog Rock
    Prix moyen: 20 / 25€
    Vinyle original: SIS – 0102   prix: vendu 2210€ en 2008 et 3300£ en 2009 ( source Popsike )
     
    Voici un des albums qui fait toujours fantasmer les amoureux de la musique et du support vinyle. Ce disque est sorti en 1972, sur le label SIS. Il n'a alors été pressé qu'à 60 copies. La plupart de ces exemplaires ont été donnés aux membres du groupe ainsi qu'à leurs familles et amis. Ces soixante copies ont été pressées en 3 versions différentes: 
    • 40 en pochette simple noire et blanche
    • 12 avec pochette ouvrante en couleur munie d'un livret
    • 8 avec pochette ouvrante noire et blanche

    Les 4 hommes du groupes ont donné vie à six morceaux taillés dans le marbre telle une sculpture de maître. Les instruments donnent le ton immédiatement, c'est un album progressif qui arrive à nos oreilles! Ce combo nous emporte déjà vers l'agressivité, la guitare grincheuse et le martellement de la grosse caisse nous font ressentir une humeur aigre au début de Darkside! Le même phrasé qui se renchaine à la toute fin de la chanson sonne comme des coups de canon, avant de laisser place à la volupté du titre Maypole, où la voix frêle de Steve Giles donne magnifiquement le pli à la guitare distordue par la pédale Wha Wha pendant son solo de dément.

    A la fin de la face A vient la divine Live For Today, chanson mêlant délicatesse et furie où la guitare entame le rythme finement, avant que celle-ci ne suive la batterie montante pour commencer à s'envoler doucement elle aussi afin de laisser place à ces intonations les plus grasses et survoltées. Le tout se termine dans un déferlement de notes tel un Hendrix en transe au milieu de cette scène qui lui appartient déjà. Avec cette chanson nous touchons au sommet de l'album.

    Ensuite, dans son enchaînement logique vient la Face B. Ouvrant par R.C.8, le ton est directement imposé par le rythme saccadé de la batterie et le son hargneux de la six cordes, le tout dans une orchestration prenant forme autour de la voix gracieuse de Giles. La basse ressort plus dans ce morceau que dans les trois premiers de la face précédence, avec un son rond et un beat pareil à un rock'n'roll suave, elle nous conduit jusqu'au bruit ravageur de la guitare qui finira par se dédoubler pendant quelques instants avant de retrouver sa lourdeur solitaire.

    The Cat, ce morceau a pour lui la particularité d'avoir un rythme bien plus funky que ce que nous avons pu entendre jusqu'à maintenant, avant de se transformer en son milieu, pendant quelques secondes, en ode mélancolique pour repartir de plus belle! Et enfin l'angoisse règne sur le commencement du morceau final, avant que les drums ne rappliquent tel un cheval au galop pour transformer l'air ambiant en frappant tel un démon. La hargne du groupe atteint son paroxysme sur ce cri final qu'est Zero Time.

    Les jeunes hommes étaient à des milles de se douter de l'importance qu'allait prendre leur groupe et surtout leur album avec le temps. Leur prestation est digne des plus grands, tout en ayant le mérite d'avoir trouvé un son inimitable. 

    Et je ne pourrais pas conclure cette chronique sans dire que le guitariste Martin Weaver a fait partie quelques temps avant Dark du groupe The Wicked Lady, groupe qui laisse place à autant d'obsession que Dark, sinon même plus, car Wicked Lady ne nous a laissé aucun album à l'époque, juste un assortiment de titres qui ne sont sortis pour la première fois que bien plus tard sur format CD, dans les années 90. (avant d'être réédités en vinyle en 2012 par le label Guerssen)





    Ici une édition Akarma datant très certainement de 1999. Ce label nous offre une superbe pochette ouvrante entièrement texturée d'une belle qualité, le tout avec un chouette livret. Niveau sonore on est face à du très bon travail, son puissant et précis. Du très bel ouvrage!






    Steve Giles - Vocale / guitare
    Martin Weaver - guitare
    Ronald Johnson - basse
    Clive Thorneycroft - batterie
     
    • A1 - Darkside - 7:27
    • A2 - Maypole - 4:50
    • A3 - Live For Today - 8:08
    • B1 - R.C.8 - 5:05
    • B2 - The Cat - 5:21
    • B3 - Zero Time - 6:48

    AND ALSO THE TREES - EP Les Disques Du 7ème Ciel

    French 2014 Record Store Day release
    Limited to 500 copies
    19 avril 2014
    Les Disques du 7ème Ciel - 7C10 
    New wave, Indie rock
    15 € à commander sur le site du label

    Alors que le groupe s'apprête à nous présenter son nouvel album, Born Into the Waves, le 18 mars 2016, je vais revenir sur un EP 4 titres sorti tout spécialement pour le Record Store Day 2014, édité par le label français Les Disques Du 7ème Ciel.

    Tout d'abord, un peu de biographie : And Also The Trees est un groupe brittanique créé en 1979 à Inkberrow, coin totalement paumé à des miles au sud de Birmingham, par deux paires de frangins, Havas et Jones. Soutenu par The Cure, et plus spécialement Lol Tholhurst qui produisit leur premier album éponyme et quelques singles en 1984, AATT fut ainsi classé dans le registre musical post-punk ou cold-wave. Décrit comme "too English for the English" (Trop anglais pour les anglais) par John Peel, ce groupe a toujours trouvé grâce auprès d'un public français amoureux d'un romantisme exacerbé, de poésie organique et parfois torturée. Il faut dire que sur scène le chanteur Simon Huw Jones a toujours eu le sens de la mise en scène théâtrale, drapé dans ses tenues qu'on croirait tout droit sorties d'un dressing du 19 ème siècle, un livre à la main, déclamant ses textes plutôt que les chantant. A ses côtés son élégant frère, Justin Jones, est un guitariste qui a su développer un style très personnel, faisant vibrer sa guitare comme une mandoline réverbérée, influencé par le rock des années 50 et les vieux films en noir & blanc.

    Cet EP regroupe quatre titres qui n'avaient jamais été gravés sur vinyle auparavant (20 années sur support CD uniquement). Musicalement, rien n'indique qu'ils proviennent d'albums initialement sortis entre 1996 et 2007. La musique d'AATT a certes évolué, s'est adoucie parfois, mais l'ADN du groupe est restée intacte, empreinte de ce lyrisme romantique parfumé au camphre.

    Sur la face 1, alors que la voix grave et profonde de Simon Huw Jones se pose sur de douces notes répétitives de guitare, accompagnées par les cymbales et les coups de baguettes qui frappent la caisse claire en tremblements, la basse saturée vient griffer ce tableau aussitôt rejointe par des mots qui s'abattent sur nous à travers un porte-voix. Le tiède et le froid sont ainsi soufflés dans le magnifique titre The Legend Of Mucklow ... It's been a long time coming ... Le temps de dégainer un revolver poussiéreux, la guitare résonne en écho déversant ses sons stridents alors que la trompette déclame des notes languissantes. Missing clôturait ainsi le sous-estimé album Angelfish en 1996.
    Ambiance western pour le titre The Obvious qui ouvre la face 2. Obvious, évident, comme un classique du groupe. The Untangled Man fait partie de ses bijoux comme seul AATT sait en produire. Un arpège de guitare, l'archet qui glisse lentement sur les cordes de la contrebasse, un lot de frissons assuré et la voix qui nous touche au coeur.

    And Also The Trees est un groupe qui trace sa route depuis plus de trente années, fidèle à son art exigeant. Depuis toujours, ces musiciens sont parvenus à nous offrir des paysages sonores, souvent sombres mais toujours emprunts d'une spacialité qui éclaire l'esprit et permet à notre imaginaire de s'évader.

    A1 The Legend Of Mucklow / extrait de (Listen For) The Rag And The Bone Man (2007)
    A2 Missing / extrait de Angelfish (1996)
    B1 The Obvious / extrait de Silver Soul (1998)
    B2 The Untangled Man / extrait de Further From The Truth (2003)



    PSYCHÉ FRANCE 60-70

    Compilation d’artistes [France]
    2014
    Parlophone ‎/ Warner Music France - 0825646320820
    Psyché Pop Beat
    Prix moyen Discogs: 20€

    Voici une compilation commercialisée lors du Record Store Day 2014. Comme chacun sait, le RSD est surtout spécialisé dans les rééditions d'albums souvent extrêmement connus et dont les originaux se sont pour la plupart beaucoup vendus. Des repressages qui n'ont donc pas vraiment grand intérêt, en mon sens. Mais parfois, il arrive que le RSD nous façonne une création spéciale, une petite perle. Ici nous est offert un Best Of de chansons "psyché pop" Made In France. Ou devrais-je même dire "Mad In France", vu la folie des titres.


    Tout ces morceaux sont parus initialement à la fin des années 60 / début 70, gravés pour la quasi totalité uniquement sur format 45 tours deux titres et quatre titres, pour les plus anciens. Si jamais l'envie vous prend de vouloir réunir tous les pressages originaux, ceci tiendra d'une véritable chasse au trésor. 


    Tous les panels les plus undergrounds de la musique que comptait notre hexagone sont ici représentés. Je pourrais ouvrir les hostilités en vous parlant de la chanson l'Alligator, composition que l'on doit au provoquant Hector. Il nous livre ici du Beat / Rythme and Blues semblable à un Screamin' Jay Hawkins au sommet de son art. Le EP contenant cette chanson est sorti sur le label Ducretet Thomson en 1964.

      



    HECTOR - 460 V 662 

    • A1 - Alligator
    • A2 - Mon Copain Johny
    • B1 - La Femme De Ma Vie
    • B2 - Hong Kong








    Pour continuer en beauté, parlons de la boudeuse Charlotte Walters. Les définitions des genres "hippie" et "psychédélique" n'auront jamais aussi bien collé qu'à sa chanson Fleurs De Pavots Bleue. D'une grande délicatesse, la voix de Charlotte se mélange avec poésie aux percussions, aux cuivres et à la flute qui composent entre autre le fabuleux Big Band accompagnant sous substance nocive la jeune dame. Ce délice Psyché Beat a été pressé au format deux titres sur le label Pathé et commercialisé fin 1969, un Graal pour beaucoup.







    CHARLOTTE WALTERS - 2C 006-10609

    • A1 - Angel Of Sin 
    • B1 - Fleurs De Pavots Bleus








    Et pour finir évoquons le fabuleux Guy Skornik qui a aussi trouvé sa place sur cette compil. Ici, sa chanson Des Arbres De Fer a tout d'un grand tube ! Avec son fin solo de batterie et sa guitare distordue, cette ode psychotrope nous lance directement son rythme et son riff jouissif au visage. Le 45 tours deux titres original est sorti fin 1970, là aussi sur le label Pathé.






    GUY SKORNIK - 2C006-11192
    • A1 - Je Ne Veux Qu'un Sourire
    • B1 - Des Arbres De Fer









    Je vous ai évoqué ici mes trois préférées mais je vous laisse la joie de vous faire une idée sur le reste des artistes ici présents. Je pense honnêtement que cette compile est une indispensable pour tous les passionnés des ambiances hors norme qui étaient légions à cette époque bénite. Le disque est limité à quelques centaines d'exemplaires, toutefois toujours très facilement trouvable à prix honnête. Alors pourquoi se priver de découvrir ou redécouvrir ses richesses cachées? Tout ça, pour le plus grand plaisir des amateurs du genre.


    • A1 - Jacque Filh - Wraaaach !!!!
    • A2 - Hector - Alligator
    • A3 - Guy Skornik - Des Arbres de Fer
    • A4 - L'Origine - L'Origine
    • A5 - L'Assemblée - Le Chien
    • A6 - Charlotte Walters - Fleurs de Pavots Bleus
    • B1 - Triangle - Listen People
    • B2 - W.B.S - Lorsque Le Soleil Se Lèvera Demain
    • B3 - Michel Marceau - One By One
    • B4 - Komintern - Fou, Roi, Pantin
    • B5 - Igor Wakhévitch - Danse Sacrale

    THE CURE - Catch *Maxi 45 tours*

    1987 [Angleterre]
    Fiction Records - 888 688-1 [Allemagne]
    New Wave, Indie-Pop
    Prix médian discogs : 9 €


    A1 Catch
    B1 Breathe
    B2 A Chain Of Flowers

    Nous voici donc face à une pochette très graphique avec des touches de gouache éclatées et étalées qui semble sortir tout droit de l'imaginaire d'un enfant.

    Catch est le second single extrait de l'album Kiss Me Kiss Me Kiss Me. Cet album, avec son lot de singles dont le célèbre titre Just Like Heaven qui était d'abord un instrumental composé pour servir de générique à l'émission Les Enfants du Rock, propulsera un peu plus The Cure au rang de star internationale. Catch fut édité le 16 juin 1987. Il contient deux inédits, Breathe et A Chain Of Flowers.

    A noter que le clip de Catch fut tourné en France par Tim Pope en mai 1987 à la Villa Beau Site à Nice.

    Catch figure comme un titre pop un peu simpliste sur lequel Robert Smith pose un chant languissant, entouré de violons sirupeux. Il n'a pas l'envergure de titres accrocheurs comme Why Can't I Be You ? ou Just Like Heaven. Je lui préfère largement les deux titres qui occupent la face B de ce maxi. Tout d'abord, le synthétique Breathe joliment agrémenté de notes de piano qui viennent se poser tendrement, comme la voix de Robert Smith. Et puis surtout le très mélancolique A Chain Of Flowers dont les paroles nous rappellent que Robert Smith a toujours en lui ses vieux démons.

    Please wake up
    It's so dark and cold
    Please wake up
    I feel so alone
    And I feel so scared
    That you're going away
    And I feel so scared
    That you're going away
    I will never tell you
    All the different ways
    All the different ways
    You make me so afraid

     

    Robert Smith - chant, guitare, claviers
    Lol Tolhurst - claviers
    Simon Gallup - basse
    Porl Thompson - guitare, claviers
    Boris Williams - batterie, percussions